mots dans
l'air, exploration parlée
Un mois à manipuler et triturer nos “Écrits d'Agence”,
pour finir sur une invitation à une exploration parlée,
dite, (chantée ?), de ces matériaux en travail. Dire ces
documents, les faire entendre, n'est-ce pas les écrire ? Forme
orale, forme écrite, des textes dans les deux sens !
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Lire
et regarder
Les écrits produits par l’Agence ne relèvent pas
de la retranscription d’entretiens ni du témoignage –
même s’ils sont traversés par les paroles de ces
passants-interlocuteurs de coins de rue – mais bien d’une
écriture qui s’invente ici et maintenant dans
la situation de la rencontre. On peut aborder ce corpus à travers
sa dimension littéraire, celle d’une "écriture
à plusieurs voix", polyphonique, hétérogène,
à l’orthographe maltraitée et entrecoupée
de fautes de frappe, devenant parfois typogramme, mais dont le cadre
formel révèle toujours le processus (format quasi constant,
A4 ou A5 sur papier fluo et en-tête comportant la date et le lieu
de la rédaction). On peut également percevoir un certain
"bruit du monde" dans cette masse de textes, celle de la "grande
actualité", mais vécue au quotidien, à travers
des thèmes récurrents et des particularités souvent
liées aux territoires sur lesquels prend place l’Agence
de conversation (le déracinement, les problèmes sociaux,
la violence, la relation avec dieu et la religion, les étrangers,
l’identité, la conversation elle-même…). Ces
contenus alimentent la réflexion sur les conditions de l’appropriation
de l’histoire collective par les individus (la guerre, l’exil…)
et sur les "trous" de cette histoire. Ces thématiques
transparaissent à travers une écriture procédant
parfois du Cut up dans le discours entendu, produisant des
images incongrues ou humoristiques reflétant souvent l’autodérision
dont font preuve les interlocuteurs rencontrés. Enfin, ces écrits
sont aussi des images, à travers le "grain" de l’écriture
dactylographiée et "accidentée" et l’occupation
particulière de l’espace de la page, provoquant souvent
des effets de découpage du blanc (la feuille) au noir (les caractères)
accentué par le rythme de feuilletage alternant une page blanche
et une page écrite. Nous choisissons de restituer ces documents
tels quels, afin d’en conserver le caractère de document
et "d’instantané" (c’est écrit,
c’est fait) et la visibilité de toutes les opérations
d’écriture (répétitions, ratures, fautes
d’orthographe et de frappe…). Ainsi, ce projet éditorial
revêt au moins quatre dimensions : littéraire, sociologique,
historique et graphique, il s’agit d’un "objet"
plastique, une écriture à regarder autant qu’à
lire. Une écriture à traverser dans le temps et l’espace.
*L'Agence
de conversation
_définition : une table et quelques chaises pliantes, une machine
à écrire, du papier de couleur fluorescente, quelques
petits outils de bureau, un « écrivain »
à la machine, un « activateur » de parole
(interchangeables) et place à une possible conversation. Écrire,
parler, afficher. Autour de « l'agence » sont
suspendues des conversations de la veille, ou d'une autre ville, pour
une lecture au gré du vent.
_usage : Converser avec des inconnus et écrire en plein air,
à la sortie du métro ou sur un marché (par exemple).
Constituer une archive de « conversations », inventer
une écriture bousculée par les contingences extérieures.
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L'Agence de Conversation, créée à Grenoble
durant l'entre-deux-tours des élections présidentielles
2002, se déplace depuis de Grenoble (Ici e[s]t ailleurs / le
Cargo-Maison de la culture de Grenoble, 2002-2003) à Marseille
(Musée d'art contemporain de Marseille invitée par la
compagnie, le Merlan scène nationale, 2010-2012) en passant par
Port-Saint-Louis-du-Rhône (résidence chez Ilotopie, 2002-2003),
Échirolles (2004), Eybens (2004), Villeurbanne et Vaux-en-Velin
(invité par Komplex KapharnaüM, 2004-2005), Kladno / rép.
Tchèque (biennale Vestige of Industries, 2005), Barjols (2005),
Pau (2006), Bordeaux et Bègles (le TNT et Bruit du frigo, 2007),
Pont de Claix (l'Amphithéâtre, 2011), le pont d'un bateau
entre Barcelone et Tanger (2011) et Casablanca (festival de Casablanca,
2011). Performance non spectaculaire, création collective informelle
intégrée au flux urbain quotidien, l'Agence de conversation
a produit près d'un millier de documents écrits (dactylographiés
à la machine à écrire).
Espace
fine
une proposition radiophonique d'Esther
Salmona sur Radio Grenouille, enregistrée dans le cadre
de notre résidence à la Marelle
écouter
: Espace
fine
à
suivre sur : www.lamarelle
et : la
Friche la Belle de Mai