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Conversations déplacées

la Marelle Villa des auteurs, Friche la Belle de Mai, Marseille
du 1er au 31 mars 2015
ouverture au public du chantier à l'occasion du Made In Friche, les 28 et 29 mars

Une résidence d'écriture pour un projet d’édition en cours

Un livre présentant environ 400 pages dactylographiées : les "Écrits d’Agence", des écrits bruts, un texte matière, réalisé durant l'"Agence de conversation"*, dans plusieurs villes, de 2002 à 2012. Ces documents seront accompagnés d’un appareil éditorial (index de mots-clés, glossaire, explicitation du processus…) en cours d’écriture. L’écriture a fabriqué une empreinte lisible d’un inaudible, l’urgence s’impose à nous aujourd’hui de dire ces textes, de les faire entendre. De l’écrit à l’oral, d’une langue à l’autre… Travail vocal, dispositif multimédia, ce chantier est aussi celui de notre prochaine création : Conseil extraordinaire.

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mots dans l'air, exploration parlée
Un mois à manipuler et triturer nos “Écrits d'Agence”, pour finir sur une invitation à une exploration parlée, dite, (chantée ?), de ces matériaux en travail. Dire ces documents, les faire entendre, n'est-ce pas les écrire ? Forme orale, forme écrite, des textes dans les deux sens !

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Lire et regarder
Les écrits produits par l’Agence ne relèvent pas de la retranscription d’entretiens ni du témoignage – même s’ils sont traversés par les paroles de ces passants-interlocuteurs de coins de rue – mais bien d’une écriture qui s’invente ici et maintenant dans la situation de la rencontre. On peut aborder ce corpus à travers sa dimension littéraire, celle d’une "écriture à plusieurs voix", polyphonique, hétérogène, à l’orthographe maltraitée et entrecoupée de fautes de frappe, devenant parfois typogramme, mais dont le cadre formel révèle toujours le processus (format quasi constant, A4 ou A5 sur papier fluo et en-tête comportant la date et le lieu de la rédaction). On peut également percevoir un certain "bruit du monde" dans cette masse de textes, celle de la "grande actualité", mais vécue au quotidien, à travers des thèmes récurrents et des particularités souvent liées aux territoires sur lesquels prend place l’Agence de conversation (le déracinement, les problèmes sociaux, la violence, la relation avec dieu et la religion, les étrangers, l’identité, la conversation elle-même…). Ces contenus alimentent la réflexion sur les conditions de l’appropriation de l’histoire collective par les individus (la guerre, l’exil…) et sur les "trous" de cette histoire. Ces thématiques transparaissent à travers une écriture procédant parfois du Cut up dans le discours entendu, produisant des images incongrues ou humoristiques reflétant souvent l’autodérision dont font preuve les interlocuteurs rencontrés. Enfin, ces écrits sont aussi des images, à travers le "grain" de l’écriture dactylographiée et "accidentée" et l’occupation particulière de l’espace de la page, provoquant souvent des effets de découpage du blanc (la feuille) au noir (les caractères) accentué par le rythme de feuilletage alternant une page blanche et une page écrite. Nous choisissons de restituer ces documents tels quels, afin d’en conserver le caractère de document et "d’instantané" (c’est écrit, c’est fait) et la visibilité de toutes les opérations d’écriture (répétitions, ratures, fautes d’orthographe et de frappe…). Ainsi, ce projet éditorial revêt au moins quatre dimensions : littéraire, sociologique, historique et graphique, il s’agit d’un "objet" plastique, une écriture à regarder autant qu’à lire. Une écriture à traverser dans le temps et l’espace.

*L'Agence de conversation
_définition : une table et quelques chaises pliantes, une machine à écrire, du papier de couleur fluorescente, quelques petits outils de bureau, un « écrivain » à la machine, un « activateur » de parole (interchangeables) et place à une possible conversation. Écrire, parler, afficher. Autour de « l'agence » sont suspendues des conversations de la veille, ou d'une autre ville, pour une lecture au gré du vent.
_usage : Converser avec des inconnus et écrire en plein air, à la sortie du métro ou sur un marché (par exemple). Constituer une archive de « conversations », inventer une écriture bousculée par les contingences extérieures.

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L'Agence de Conversation, créée à Grenoble durant l'entre-deux-tours des élections présidentielles 2002, se déplace depuis de Grenoble (Ici e[s]t ailleurs / le Cargo-Maison de la culture de Grenoble, 2002-2003) à Marseille (Musée d'art contemporain de Marseille invitée par la compagnie, le Merlan scène nationale, 2010-2012) en passant par Port-Saint-Louis-du-Rhône (résidence chez Ilotopie, 2002-2003), Échirolles (2004), Eybens (2004), Villeurbanne et Vaux-en-Velin (invité par Komplex KapharnaüM, 2004-2005), Kladno / rép. Tchèque (biennale Vestige of Industries, 2005), Barjols (2005), Pau (2006), Bordeaux et Bègles (le TNT et Bruit du frigo, 2007), Pont de Claix (l'Amphithéâtre, 2011), le pont d'un bateau entre Barcelone et Tanger (2011) et Casablanca (festival de Casablanca, 2011). Performance non spectaculaire, création collective informelle intégrée au flux urbain quotidien, l'Agence de conversation a produit près d'un millier de documents écrits (dactylographiés à la machine à écrire).

Espace fine
une proposition radiophonique d'Esther Salmona sur Radio Grenouille, enregistrée dans le cadre de notre résidence à la Marelle

écouter : Espace fine

à suivre sur : www.lamarelle
et : la Friche la Belle de Mai

 

 


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Conseil extraordinaire
(création en cours)

Depuis l’espace public, depuis l’arpentage de rues sur plus de dix années, nous avons besoin de dire, de déposer. "Monter", agencer, paroles, images et gestes, de sorte à rendre au mieux la complexité de cette voix de rue… Toujours dans l’expérience embarquée, le dispositif que nous voulons créer emmène les personnes cette fois dans le voyage du discours, de la voix, celle d’un seul et d’un Nous. Embarqué, le public assis autour de la table, à nos côtés, ne peut rester longtemps sans voix lui-même devant les tensions dont il est question dans cette écriture contemporaine.
La lecture polyphonique à voix haute s’appuie sur l’image du texte, la diffracte et la reconstitue ; elle tente de rendre compte de tous les aspects de l’image-texte (mots, phrases, séquences, typographie, blanc, ratures, mémoire…). Cette lecture – et le dispositif de sonorisation dans lequel elle se déploie – crée des distorsions. Ces distorsions devraient agir dans le sens de la mise au présent du texte, de la réduction de l’écart entre la mémoire que constitue l’image-texte et sa restitution vocale au sein d’un nouveau contexte.


Conseil extraordinaire
sera
marathon de la parole publique / la parole à la source / la parole brute / la transformation de cette “parole de ville” en parole publique ; dissécation, concassage, machouillage, rejouent les sens possibles de l’écriture / la polysémie, la polyphonie